La première trace d'une fédération des professionnels de la piscine en France remonte à 1965. A l'époque, la Coordination syndicale interprofessionnelle de la piscine (CSIP), fusionnant ensuite avec la Fédération Nationale des Constructeurs d'équipements de sport et loisirs (FNCESEL). Créée en pleine accélération de la construction des équipements sportifs dans les années 60, elle visait à structurer et encadrer un secteur en pleine expansion. Depuis, que de chemin parcouru ! Douze entreprises adhérentes au 1er janvier 1966 ; aujourd'hui, elles sont plus de 1600 !
En 2005, la FNCESEL/CSIP devient la FPP - Fédération des Professionnels de la Piscine avec de nouveaux statuts. Aujourd'hui, la fédération fête 60 ans d'existence... Pour cette occasion, Joëlle Pulinx, sa Déléguée Générale, a répondu à quelques questions.
« La création de cette identité est indispensable à la défense et à la promotion des intérêts de la profession », a déclaré Jean Lermite, nommé président de la FPP en mars 2005. Et d'ajouter qu'il s'agit : « d'un aboutissement incontournable et logique dans la mesure où notre activité s'est développée (...) Ce changement signifie plus de lisibilité, tant pour les professionnels que vis-à-vis de la représentation que l'on doit donner à l'extérieur ».
La Fpp a récemment inauguré un nouveau format de rencontres, avec Les rencontres régionales de la FPP.
Un relais de poids auprès des pouvoirs publics pour l'intérêt de la profession de piscinier
Joëlle Pulinx, quel rôle a joué et joue la FPP en termes de réglementation ?
Grâce à la FNCESEL le décret d'application de la loi a reporté la responsabilité sur les propriétaires et a limité l'obligation du constructeur à la remise d'une note technique sur la sécurité, alors que les pouvoirs publics voulaient imposer une obligation de vente et d'installation des systèmes. Il a fallu batailler pour obtenir le choix entre les 4 systèmes de protection, car l'avis de la commission de la sécurité des consommateurs demandait que seules les barrières soient acceptées.
Fin 2003, les 4 normes relatives aux 4 équipements de protection sont publiées.
En juin 2004, lors de notre première conférence de presse, nous annoncions un parc de piscines d'1 million de bassins.
La FPP a joué un rôle déterminant dans la structuration et l'évolution des normes encadrant le secteur de la piscine. L'une de nos actions les plus marquantes a été la création du TC402 en 2009, un comité technique européen dédié aux normes spécifiques des piscines familiales. Sans cette initiative, les normes des piscines publiques auraient pu être imposées aux piscines privées, ce qui aurait été désastreux pour le secteur, tant sur le plan économique que pratique.
Nous avons mené d'intenses campagnes de lobbying pour bloquer certaines réglementations inadaptées, notamment celles concernant la surveillance obligatoire des bassins, qui auraient compliqué la vie des professionnels et des particuliers. Grâce à notre mobilisation et notre expertise, nous avons su démontrer aux instances décisionnelles la nécessité d'une réglementation spécifique aux piscines familiales, plus adaptée aux réalités du terrain.
Nous avons également joué un rôle clé dans la mise en place de la loi sur la sécurité des piscines adoptée en 2003, et dans la promotion des 4 dispositifs de sécurité autorisés.
Plus récemment, nous avons mis en place des outils concrets pour accompagner les professionnels dans l'application des normes environnementales, comme notre logiciel permettant de classifier les piscines en fonction de leur efficience énergétique (norme NF EN 17645 : 2022). La FPP a été à l'origine de cette norme désormais passée au niveau européen. Ce type d'initiative renforce la reconnaissance du métier et la légitimité de nos adhérents face aux autorités publiques et aux consommateurs, tout en contribuant à une profession plus responsable et durable.
Logo des 60 ans de la fédération des professionnels de la piscine
La transition écologique est un enjeu majeur pour l'avenir du secteur. Comment la FPP accompagne-t-elle les professionnels dans cette démarche ?
La question environnementale est un défi crucial. Nous avons mis en place plusieurs outils pour aider les professionnels à adopter de bonnes pratiques. Nous avons été l'un des premiers secteurs à publier un document sur la transition écologique avec la direction générale des entreprises.
Nous avons notamment développé un calculateur des usages de l'eau, dont la qualité scientifique a été reconnue par un bureau externe, et nous avons déposé un brevet européen pour cet outil. Son objectif est de permettre aux professionnels et aux particuliers d'optimiser leur consommation (Ndlr : voir aussi la campagne de communication « Nagez-Couvrez-Economisez ») en tenant compte de divers paramètres techniques.
Outil de calcul de la consommation de la piscine résidentielle à usage familial
Nous avons également instauré une charte des usages de l'eau, signée par plus de 450 entreprises, qui engage les signataires à adopter des pratiques plus responsables. Parallèlement, nous proposons des formations spécifiques sur l'optimisation des consommations d'eau et d'énergie. Ces formations abordent des solutions concrètes comme l'automatisation des piscines, l'utilisation de filtres plus performants et la limitation des contre-lavages, qui permettent de réduire significativement l'empreinte environnementale des bassins.
Nous encourageons également l'innovation avec des équipements plus durables et performants, afin d'accompagner les professionnels vers un modèle de piscine plus écoresponsable, tout en maintenant la qualité de service et le confort des utilisateurs.
La formation est un autre levier clé pour l'avenir du métier. Quels sont les efforts menés par la FPP dans ce domaine ?
Nous travaillons en étroite collaboration avec l'Éducation nationale pour adapter les formations aux besoins du secteur. Nous avons tenté la création d'un CAP en 2006 mais la commission paritaire consultative de l''éducation nationale n'a pas accepté ce projet. Nous avons participé à l'élaboration puis à la révision du contenu du BP Métiers de la piscine, créé par l'arrêté du 21 octobre 1997. Nous sommes les seuls en Europe à avoir un diplôme spécifique piscine de l'éducation nationale pour le secteur de la piscine. Nous envisageons de renforcer encore les contenus liés à la transition écologique. Cette évolution permettra de mieux préparer les futurs professionnels aux enjeux actuels du métier, en intégrant des modules sur la gestion durable des ressources et l'innovation technologique. Tout cela ne peut se faire que grâce à l'expertise des établissements de formation qui sont plus nombreux et acceptent même que les élèves entrent en formation en cours d'année. Certains professionnels participent aux corrections des épreuves du BP mais ils ne sont pas assez nombreux, nous ne pouvons que les encourager à rejoindre les professionnels investis à ce niveau.
Nous proposons également des formations continues gratuites pour les professionnels, notamment via les "Matinées du Piscinier", qui couvrent des thématiques comme la gestion RH, la sécurité ou encore l'application des normes environnementales. Ces rencontres sont un moyen efficace pour les professionnels d'échanger, de s'informer et de monter en compétences face aux évolutions du marché.
La commission recrutement formation va reprendre ses travaux en 2025 car elle n'avait pas pu fonctionner en 2023 et 2024 au regard des dossiers environnementaux complexes et importants qui empêchaient les professionnels de travailler au quotidien, notamment sur la question de l'eau. La profession a été très attaquée, elle a dû se défendre, mettre en place des outils encore plus performants, même si elle avait anticipé ces sujets.
Quels sont les défis à venir pour la profession ?
Le plus grand défi sera de concilier développement du marché et respect de l'environnement. Nous devons encourager les bonnes pratiques, éviter le gaspillage d'eau et d'énergie, et promouvoir des équipements plus durables. La rénovation des piscines existantes est aussi un enjeu majeur, car nous avons le premier parc de piscines en Europe, et de nombreuses installations nécessitent une modernisation pour être plus performantes sur le plan énergétique. Ne laissons pas d'autres secteurs s'emparer de cette tâche...
Nous devons également continuer notre travail de lobbying pour éviter des réglementations trop contraignantes et défendre l'image du métier. Nous allons devoir nous organiser pour rencontrer les décideurs locaux afin de pouvoir influer sur les PLU et les arrêtés sécheresse localement. Les décisions environnementales vont être prises de plus en plus au plan local.
Par exemple, nous avons récemment travaillé avec les pouvoirs publics pour éviter l'instauration de restrictions excessives sur l'usage de l'eau dans les piscines privées lors des périodes de sécheresse. En démontrant, avec des études précises, que les piscines bien entretenues ne sont pas des gouffres d'eau, nous avons obtenu des mesures plus équilibrées et adaptées aux réalités du secteur.
Enfin, nous allons travailler sur l'intelligence artificielle pour améliorer le service après-vente et optimiser la gestion des piscines. L'IA permettra notamment de mieux anticiper les besoins des utilisateurs, d'améliorer l'entretien des équipements et d'automatiser certains processus pour gagner en efficacité.
Quel message souhaitez-vous faire passer aux professionnels pour les 60 ans de la fédération ?
Continuez à adhérer toujours plus nombreux à la FPP, participez aux commissions, investissez-vous dans la défense de notre métier. Plus nous serons nombreux, plus nous aurons de poids pour faire entendre notre voix et défendre les intérêts du secteur auprès des pouvoirs publics. L'avenir de la piscine passe par une profession forte et unie ! Ensemble, nous pouvons continuer à structurer le marché, valoriser nos métiers et relever les défis à venir avec succès.
Et n'oubliez pas qu'en étant adhérent à la FPP, les professionnels ont accès à des centaines de documents dans la Boîte à outils juridique et technique du piscinier, en ligne sur leur espace : modèles de documents, conditions générales de vente, notes techniques pour la sécurité, PV de réception avec réserve et sans réserve... mais aussi aux rapports sur la transition écologique du secteur, au Guide du recyclage, aux textes de réglementation sur la piscine publique, au Livre blanc de la piscine, aux différentes études de marché, études sectorielles, études consommateurs, au calculateur d'usage de l'eau, au logiciel d'application de la norme environnementale... Ils bénéficient aussi d'une assistance juridique par téléphone, peuvent obtenir le Label Propiscines et paraître dans l'annuaire sur site qui génère 12 000 connexions par an.
Les labels Propiscines
J'en profite pour signaler la prochaine Étude de marché qui est en cours de réalisation, sur des chiffres s'arrêtant à fin 2024, et qui sera publiée en milieu d'année.
En conclusion : que les professionnels de la piscine soient fiers de leur fédération et unis autour de celle-ci, la deuxième au monde derrière celle des USA, un véritable moteur pour les fédérations européennes et qui se bat sans relâche pour leur profession et son avenir.