Le 31 mars dernier, le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires a détaillé les 53 mesures du « Plan eau » annoncé la veille par le Président de la République. A la stupéfaction des élus en charge du sport, aucune mention n'est faite de la suppression de l'obligation de vidange annuelle des piscines, que l'ANDES défend depuis plusieurs années, et qui retient l'attention de la ministre des Sports et des JOP depuis plusieurs semaines.
L'ANDES souhaite « passer d'une obligation de moyens à une obligation de résultat
Dès 2015, notre réseau ANDES avait obtenu le passage de deux à une vidange obligatoire, permettant ainsi des économies financières, en eau et en énergie substantielles. Cette nouvelle souplesse s'inscrirait parmi les recommandations formulées par l'ANDES dans sa contribution au plan de sobriété énergétique du sport d'octobre dernier.
Pour Patrick APPERE, Président de l'ANDES, « il faut en finir avec le gaspillage de l'obligation réglementaire de vidange annuelle des piscines. »
Pour Anne-Marie HEUGAS, Présidente de la commission sport durable de l'ANDES, Vice-Présidente d'Est-Ensemble (11 piscines), « cette demande de suppression est une réponse adaptée au contexte de sobriété énergétique et d'économie immédiate sur la ressource en eau », car près de 30 millions d'euros d'économies pourraient ainsi être assurés.
Avec 3 milliards de litres d'eau potable à préserver, cette mesure contribuerait également à assurer la part des collectivités à l'objectif fixé de diminution de 10 % des consommations d'ici 2030. Pour aller plus loin, ces eaux de vidanges pourraient elles-mêmes contribuer aux ambitions de « Réutilisation des Eaux Usées Traitées », en visant la réutilisation de l'équivalent de « 3 piscines olympiques par commune » d'ici les sept prochaines années, selon le Président de la République.
Les contrôles quotidiens des exploitants de piscines, conjugués aux contrôles inopinés des agences régionales de santé, conditionnent déjà aujourd'hui l'ouverture des bassins au public. Dans ces conditions, la suppression de l'obligation de la vidange annuelle est une mesure de « bon sens », simple et aux résultats immédiats. Rappelons que la France est avec la Belgique le seul pays européen imposant encore cette obligation.
L'ANDES poursuit donc son plaidoyer pour le passage d'une obligation de moyens à une obligation de résultat, calqué sur les modèles suisse et allemand, et agira pour que cet oubli soit rectifié.
Pourquoi les piscines publiques ferment-elles ?
Dans le cadre de la transition énergétique que traverse le pays, le ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 s'interroge sur le nombre actuel de piscines fermées en France ainsi qu'à leurs raisons.
C'est pourquoi l'ANDES a lancé un sondage flash de deux questions, en janvier dernier, auprès de l'ensemble du réseau de collectivités et des acteurs propriétaires de complexes aquatiques, avec le relais des réseaux du ministère des Sports.
Ce sondage a recueilli 216 réponses des collectivités locales, intercommunalités, et autres gestionnaires d'équipements (CREPS, délégataires), avec une large représentativité territoriale métropolitaine. Si l'on considère que la moitié des bassins sont exclusivement découverts, ne permettant que la pratique estivale, cet échantillon représente plus de 10 % du panel des piscines en France. (Source « Pour une stratégie globale de lutte contre les noyades »).
En complément de la phase quantitative, une synthèse des observations générales formulées est également proposée.
À la première question posée - « Votre complexe aquatique ou un bassin de votre complexe aquatique, est-il actuellement fermé ? » - ce sont 21 % des sondés (216 réponses) qui répondent par l'affirmative pour les raisons suivantes :
- En raison des coûts de l'énergie (12 %) ;
- En raison des travaux de rénovation énergétique (2 %) ;
- En raison des travaux prévus de longue date (7 %).
79 % des gestionnaires répondant ainsi ne pas avoir connu de fermeture durant cette période.
Les principales observations générales complémentaires recensées sont les suivantes :
- Une durée de fermeture provisoire de un à deux mois en moyenne, qui s'étend jusqu'aux vacances de février ;
- Dans un territoire intercommunal, un choix de fermeture partiel de quelques complexes pour limiter le coût budgétaire de fonctionnement, et maintenir un service public minimal ;
- La fermeture des bassins extérieurs uniquement est fréquente, étant considérée comme étant plus énergivore et moins fréquentée l'hiver ;
- Les choix des fermetures se portent en priorité sur les piscines jugées énergivores ;
- Des fermetures incluant la vidange annuelle ;
- Des prévisions de fermetures partielles de piscines d'été déjà actées pour l'été 2023 ;
Le maintien prioritaire des complexes aquatiques se fait régulièrement avec une réduction des horaires d'ouverture, une fermeture périodique (durant un week-end sur 4, par exemple), la fermeture de l'espace balnéo, la réduction des températures de 1°, une mutualisation renforcée de l'utilisation avec les associations, une limitation de l'éclairage et du renouvellement d'eau.
À la deuxième question, portant sur la fermeture prévisionnelle durant les mois à venir jusqu'à la période estivale, ce sont 17 % qui répondent par l'affirmative, contre 83 % des gestionnaires, qui ne prévoient pas de fermeture (168 réponses).
Les raisons régulièrement évoquées sont les suivantes :
- Principalement pour des raisons économiques et énergétiques;
- Les contrats arrivent à terme prochainement et risquent d'impacter la décision de fermeture ;
- Arrêt technique et pour vidange ;
- Travaux de sobriété énergétique ;
- Complexe aquatique vieillissant et trop énergivore, dans l'attente de construction d'un nouveau complexe ;
- Réduction de la période et de l'amplitude horaire d'ouverture pour réaliser des économies ;
- Fermeture des espaces de balnéo et des créneaux qui nécessitent une température élevée (bébé nageur) ;
- Travaux de rénovation complète ;
- Difficulté de recrutement des MNS.